On range son trikini, son speedo et sa protection UV 50 : il est temps de retourner au cinéma. On ne dit pas adieu aux voyages et à la découverte, car dans l'offre pléthorique de rentrée, mazette ! a dégoté pour vous cinq perles rares qui vous emmènent de la Norvège à l'Iran en traversant les Vosges et Haifa sans passer par Hollywood.
CONNEMARA — ALEX LUTZ /// Il suffit de prononcer ces quelques syllabes pour que LA chanson vienne hanter notre esprit. C’est la magie des tubes. Adapté du roman éponyme de Nicolas Mathieu, Connemara nous conduit dans les Vosges pour suivre deux personnages en quête de réconciliation avec eux-mêmes, leurs origines, leurs désirs. Portrait en creux de la France périphérique, le film, lui adopte moins le parti-pris sociologique que romanesque. Le film était très (trop ?) attendu. Images léchées et acteurs impeccables adossés à une adaptation assez littérale en font un joli film de rentrée, à défaut d’un grand film. On repense à l’honnête adaptation de Leurs enfants après eux et on est rassuré sur l’avenir de la littérature. Il y des films qui vous donnent envie de(re)lire. M.M.
En salles depuis le 10 septembre
📍 Le Royal — Toulon
📍 Pathé — La Valette-du-Var
📍 Cinéma A.B.C — Sanary-sur-Mer
📍 Cinéma Olbia — Hyères
📍Le Grand Bleu — Le Lavandou
📍Cinéma Le Pagnol — Aubagne
📍 Artplexe Canebière / Pathé Madeleine / Le Chambord — Marseille
📍Le Renoir - Aix-en-Provence
CHRONIQUES D’HAIFA — SCANDAR COPTI /// Dans la ville d’Haifa, arabes et juifs cohabitent tout à fait pacifiquement — en apparence. La violence, le mensonge, les tabous structurent les rapports dans la société comme ceux intrafamiliaux. Dans une famille bourgeoise palestinienne, les emmerdes volent en escadrille : Fifi, la jeune étudiante faussement frivole, est hospitalisée après un accident de voiture qui risque de révéler son secret. Son frère, Rami, apprend que sa petite amie secrète juive Shirley est enceinte. Leur mère, Hanan, tente de préserver les apparences tandis que le père se noie dans les difficultés financières. Dans ces espaces contraints où la jeunesse tente d’éclore, les murs se rapprochent entre tradition familiale, la pression sociale du quand dira-t-on, le colonialisme israélien décomplexé. Pas de sang versé ici, ni d’images de villes ravagées par les bombardements, l’horreur est intériorisée. La palme revient à la placide soeur de Shirley dont le fanatisme muet et les actes qu’il engendre est sidérant. Reste le beau visage buté et tragique de Fifi, prête à s’émanciper envers et contre tout. Construit comme un puzzle, les intrigues s’enchâssent et s’assemblent mine de rien, comme par accident. Le film permet d’ouvrir le regard sur les mécanismes des sociétés israélienne et palestinienne, même si ce n’est pas son sujet. Il fait avec et décortique le broyage des velléités individuelles par une certaine hypocrisie bourgeoise. M.M.
En salles depuis le 3 septembre
📍 Le Royal — Toulon
📍 Les Variétés— Marseille
📍Le Mazarin - Aix-en-Provence
VALEUR SENTIMENTALE — JOACHIM TRIER /// En salles depuis le 20 août, le film de Joachim Trier, auréolé du Grand Prix du festival de Cannes reste une des valeurs sûres de la rentrée. Ce n’est pas une simple histoire de fifille qui a des problèmes avec son papa et qui a un trauma gros comme son melon. On n’est pas à Hollywood, on a de la subtilité ici et ce qui se dit sur la transmission des traumatismes, le poids de l’héritage familial, la complexité de la communication entre enfants et parents, on est loin de tout simplisme. Renate Reinsve, et ce serait bien qu’on réussisse à se souvenir de ce nom, est une actrice incroyable qui réussit à transmettre toutes ses émotions comme si on en faisait personnellement l’expérience. Les autres acteurs ne déméritent pas non plus, mais le duo qu’elle forme avec Inga Ibsdotter Lilleaas (oui, ça demande un effort de mémorisation), est d’une telle justesse que les mots manquent ! Ajoutez une mise en scène brillante et bingo. Serez-vous aussi conquis ? M.M.
En salles depuis le 20 août
📍 Le Royal — Toulon
📍 Cinéma Henri-Verneuil — La Valette-du-Var
📍 Espace des Arts — Le Pradet
📍 Cinéma Marc-Baron — Saint-Mandrier-sur-Mer
📍 Six-N’étoiles — Six-Fours-les-Plages
📍 Cinéma Olbia — Hyères
📍Le Grand Bleu — Le Lavandou
📍Cinéma Le Pagnol — Aubagne
📍 Alhambra / Pathé Madeleine / Le Chambord — Marseille
OUI — NADAV LAPID /// Les réseaux sociaux et la télé regorgent des atrocités qui sont commises chaque jour depuis des décennies et de leur montée en puissance depuis le 7 octobre 2023. La question se pose. On peut répondre oui ou non de façon catégorique, ou choisir des nuances d’un « mais » : a-t-on encore envie de voir des films sur Israël ou la Palestine ? On aurait pu poser la question sur Chroniques d’Haifa, mais lui se tient loin du théâtre de la guerre.
Oui met en scène un couple d’artistes, Y et Yasmina, qui a choisi de dire oui à tout, pour découvrir, profiter et tout simplement survivre dans un monde où ils n’ont pas de levier pour le changement. Alors que Gaza croule sous les bombes, Y. accepte de composer un nouvel hymne national qui mettra en valeur la force résiliante et conquérante israélienne, alors que bon, il n’en a un peu rien à foutre de tout… Nadav Lapid, à qui l’on doit Synonyme, invente un film hautement contestataire à travers une comédie romantique sous amphétamines, virevoltante, échevelée qui jongle avec l’horreur et le ridicule. M.M.
Sortie nationale le 17 septembre
UN SIMPLE ACCIDENT — JAFAR PANAHI /// Si on faisait un top 10 des plus grands réalisateurs en exercice, Jafar Panahi figurerait en bonne place et c’est ainsi justice que la prestigieuse Palme d’Or lui soit enfin remise ! La boucle est ainsi bouclée, puisqu’il recevait il y a 30 ans la Caméra d’Or pour son premier film Le ballon blanc. Ses derniers films avaient été tournés dans la complète clandestinité (Aucun ours, Taxi Téhéran) et ce simple accident lui permet de reprendre son itinéraire sur un mode de production plus traditionnel. Iran, de nos jours. Un homme croise par hasard celui qu’il croit être son ancien tortionnaire. Mais face à ce père de famille qui nie farouchement avoir été son bourreau, le doute s’installe... Entre tension dramatique et humour grinçant, le nouveau film de Jafar Panahi entraîne le spectateur sur des chemins non balisés. Le talent. M.M.
Sortie nationale le 1er octobre
📍Avant-première au Royal — Toulon le 28 septembre à 18h30
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