Foin de recos en ce mois d'août brûlant : opération machine à remonter le temps et à défriser avec Maria de Rossi : chanteuse pop, pop, populaire de la Cane, Cane, Canebière, qui a fait les belles heures des mange-disques orange des années 1970 et de radio Monte Carlo. Son instabilité capillaire a-t-elle fini par nuire à sa gloire ? Enquête.
Bienvenue dans le monde cruel de la variété française. Avec ses faux airs de Stephanie Powers, sa voix cristalline et son accent chantant, Maria de Rossi débarquait dans les foyers hexagonaux à la fin des années 1960. Elle incarnait la sympathique girl next door provençale. Il paraitrait que le Shah d’Iran en était fan et lui aurait offert des bijoux. Bon…
Après plusieurs albums à succès entre les années 70 et 80, celle qui a été la marraine du 1er TGV Paris/Marseille et de l'OM disparaît des radars au mitan des années 1980, ses tentatives de come back feront long feu, malgré (ou à cause de) ses participations aux émissions de Pascal Sevran. Romances, chansons d’opérettes, variété, disco et même new wave, elle aura essayé autant de genres que de coupes de coiffure. Alors les producteurs se disent, tiens on a une marseillaise à lancer et si on lui faisait chanter des trucs genre hispanisants. La Isla Bonita version Temu. Longs cheveux noirs de jais, raie au milieu et jupes bouffantes, Maria de Rossi empile quelques espagnolades comme Les roses rouges au soleil, Mañana et des chansons sentimentales formatées pour l‘Eurovision — à laquelle elle ne concourra jamais. L’une d’elle Parce que je t’aime plus que moi, sera reprise, cette fois avec succès, par Mike Brandt.
> On clique sur l’image pour le sonPause dans les chansons un peu mièvre, Maria, du haut de ses 25 ans, célèbre l’amour joyeux et la Provence natale, tout en long cheveux châtain clair, petite frange rideau ouvert, sourire éclatant et pantalon pattes d’eph. Le succès est au rendez-vous ! Il est Marseillais, naissance d’un hymne ! Suivent Le Populo, Et Johnny était content, Ah que j’aime la moustache ! La jeune fille sympa qu’on aimerait avoir comme copine.
> On clique sur l’image pour le sonEntre deux disques dans l’écurie de RCA, Maria de Rossi signe chez Barclay un premier album dont le titre sent bon la lavande : Du soleil pour la France. On exploite la veine régionaliste avec des titres comme Magali, Un petit cabanon, Les marchés de Provence et bien sûr la Cane Cane Canebière ! On éclaircit encore d’un ton la couleur : blond soleil. Et on opte pour la coupe secrétaire de mairie de bonne humeur, un peu déstructurée : frange lisse et bouclettes latérales mi-longues.
> On clique sur l’image pour le sonLe filon provençal s’est épuisé de lui-même et Maria se cherche une stature nationale durable. Toute la concurrence de Sheila à Karen Cheryl a rebondi grâce au disco, pourquoi pas elle ? Contrairement à ses rivales, elle est plus en voix qu’en jambes et ses trémoussements timides secondé par un disco qui ne s’assume qu’à moitié ne lui permettent pas d’effectuer la grande percée. On la voit défendre son 45T à la télé les cheveux plus longs, couleur miel, lisses, frange casque. Côté pochette, autre ambiance : coupe un peu sauvage, un peu sapin de Noël sans la déco, mèches… laquelle de ces coupes permet au titre, à l’origine une face B, d’obtenir son petit succès ?
> On clique sur l’image pour le son
Maria de Rossi veut s’affranchir de son image de boulangère affable. Elle affiche un crâne rasé, en mode post Blade Run’hair en couverture de son nouvel album. Elle se frotte à des univers musicaux inédits avec des titres au style difficilement définissable comme Fini, F-I-N-I-I (dont une version en anglais) ou Appelle-moi, appelle-moi : un soupçon de rock, un nuage de new wave, un doigt de pop, une nuance d’électro et une pincée de ska… Du synthé à gogo, comme on l’appréciait à l’époque, mais pas les fans de Maria. Ils sont désorientés, la presse la snobe : l’audace ne paie pas sur ce coup-là.
> On clique sur l’image pour le son Fini l’expérimentation avant-gardiste et les prises de risque, Maria de Rossi retrouve sa couleur châtain, se fait faire un casque de mèches crêpées qui lui donne un faux air de Chantal Nobel et de Rosy Varte. Plus lionne que panthère, son Safari à Paris ne suffit pas à l’amener aux portes du Top 50. Elle s’éclipsera l’année suivante pour se consacrer à sa vie de mère, avant de retenter sa chance (aux chansons) dans les années 1990.
> On clique sur l’image pour le sonEst-ce que Maria de Rossi cherche encore son style capillaire au tournant du siècle ? Oui. Est-ce qu’elle le trouve ? Non. Chacune de ses apparitions lui donne un nouveau visage, que personne n’identifie. Choucroute blonde à la longueur et au volume tonitruant, casque brun laqué, carré ondulé, cheveux ultra-courts, blonds, puis roux, puis bruns, puis rouges… on y perd son latin mais elle régale tous les salons d’Istres à Bouc Bel’Hair, se produit dans quelques galas, une tournée Var Matin. Mais, tristement, en l’absence de nouveaux titres et de confiance d’une maison de disques, le succès ne revient ni à Marseille, ni à Paris. Malgré tout, est-ce qu’il ne serait pas temps de lui pardonner les errances capillaires de cette artiste légend’hair ? M.M.
Vous validez les cheveux courts
Ou vous êtes plutôt équipe cheveux long ?
> Et on clique sur l’image pour le son
Crédits icônes : Flaticon Crédits illustrations et visuels : DR