Un petit hair de musique

Foin de recos en ce mois d'août brûlant : opération machine à remonter le temps et à défriser avec Maria de Rossi : chanteuse pop, pop, populaire de la Cane, Cane, Canebière, qui a fait les belles heures des mange-disques orange des années 1970 et de radio Monte Carlo. Son instabilité capillaire a-t-elle fini par nuire à sa gloire ? Enquête.

mazette !
3 min ⋅ 19/08/2025

Bienvenue dans le monde cruel de la variété française. Avec ses faux airs de Stephanie Powers, sa voix cristalline et son accent chantant, Maria de Rossi débarquait dans les foyers hexagonaux à la fin des années 1960. Elle incarnait la sympathique girl next door provençale. Il paraitrait que le Shah d’Iran en était fan et lui aurait offert des bijoux. Bon…
Après plusieurs albums à succès entre les années 70 et 80, celle qui a été la marraine du 1er TGV Paris/Marseille et de l'OM disparaît des radars au mitan des années 1980, ses tentatives de come back feront long feu, malgré (ou à cause de) ses participations aux émissions de Pascal Sevran. Romances, chansons d’opérettes, variété, disco et même new wave, elle aura essayé autant de genres que de coupes de coiffure. 


Alors les producteurs se disent, tiens on a une marseillaise à lancer et si on lui faisait chanter des trucs genre hispanisants. La Isla Bonita version Temu. Longs cheveux noirs de jais, raie au milieu et jupes bouffantes, Maria de Rossi empile quelques espagnolades comme Les roses rouges au soleil, Mañana et des chansons sentimentales formatées pour l‘Eurovision — à laquelle elle ne concourra jamais. L’une d’elle Parce que je t’aime plus que moi, sera reprise, cette fois avec succès, par Mike Brandt.
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Pause dans les chansons un peu mièvre, Maria, du haut de ses 25 ans, célèbre l’amour joyeux et la Provence natale, tout en long cheveux châtain clair, petite frange rideau ouvert, sourire éclatant et pantalon pattes d’eph. Le succès est au rendez-vous ! Il est Marseillais, naissance d’un hymne ! Suivent Le Populo, Et Johnny était content, Ah que j’aime la moustache ! La jeune fille sympa qu’on aimerait avoir comme copine.
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Entre deux disques dans l’écurie de RCA, Maria de Rossi signe chez Barclay un premier album dont le titre sent bon la lavande : Du soleil pour la France. On exploite la veine régionaliste avec des titres comme Magali, Un petit cabanon, Les marchés de Provence et bien sûr la Cane Cane Canebière ! On éclaircit encore d’un ton la couleur : blond soleil. Et on opte pour la coupe secrétaire de mairie de bonne humeur, un peu déstructurée : frange lisse et bouclettes latérales mi-longues. 
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Le filon provençal s’est épuisé de lui-même et Maria se cherche une stature nationale durable. Toute la concurrence de Sheila à Karen Cheryl a rebondi grâce au disco, pourquoi pas elle ? Contrairement à ses rivales, elle est plus en voix qu’en jambes et ses trémoussements timides secondé par un disco qui ne s’assume qu’à moitié ne lui permettent pas d’effectuer la grande percée. On la voit défendre son 45T à la télé les cheveux plus longs, couleur miel, lisses, frange casque. Côté pochette, autre ambiance : coupe un peu sauvage, un peu sapin de Noël sans la déco, mèches… laquelle de ces coupes permet au titre, à l’origine une face B, d’obtenir son petit succès ?
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Maria de Rossi veut s’affranchir de son image de boulangère affable. Elle affiche un crâne rasé, en mode post Blade Run’hair en couverture de son nouvel album. Elle se frotte à des univers musicaux inédits avec des titres au style difficilement définissable comme Fini, F-I-N-I-I (dont une version en anglais) ou Appelle-moi, appelle-moi : un soupçon de rock, un nuage de new wave, un doigt de pop, une nuance d’électro et une pincée de ska… Du synthé à gogo, comme on l’appréciait à l’époque, mais pas les fans de Maria. Ils sont désorientés, la presse la snobe : l’audace ne paie pas sur ce coup-là.
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Fini l’expérimentation avant-gardiste et les prises de risque, Maria de Rossi retrouve sa couleur châtain, se fait faire un casque de mèches crêpées qui lui donne un faux air de Chantal Nobel et de Rosy Varte. Plus lionne que panthère, son Safari à Paris ne suffit pas à l’amener aux portes du Top 50. Elle s’éclipsera l’année suivante pour se consacrer à sa vie de mère, avant de retenter sa chance (aux chansons) dans les années 1990.
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Est-ce que Maria de Rossi cherche encore son style capillaire au tournant du siècle ? Oui. Est-ce qu’elle le trouve ? Non. Chacune de ses apparitions lui donne un nouveau visage, que personne n’identifie. Choucroute blonde à la longueur et au volume tonitruant, casque brun laqué, carré ondulé, cheveux ultra-courts, blonds, puis roux, puis bruns, puis rouges… on y perd son latin mais elle régale tous les salons d’Istres à Bouc Bel’Hair, se produit dans quelques galas, une tournée Var Matin. Mais, tristement, en l’absence de nouveaux titres et de confiance d’une maison de disques, le succès ne revient ni à Marseille, ni à Paris. Malgré tout, est-ce qu’il ne serait pas temps de lui pardonner les errances capillaires de cette artiste légend’hair ? M.M.  


Vous validez les cheveux courts


Ou vous êtes plutôt équipe cheveux long ?


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Vous pouvez retrouver cet article sur le site Les Marseillaises où il est paru dans une première version en juin 2024.
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mazette !

Par matthieu mas & cie

Après avoir œuvré comme enseignant, vendeur de sex-toys et traducteur, je travaille depuis près de 20 ans dans le domaine de la communication culturelle. Normand né à Marseille et finalement débarqué à Toulon en 2017, j’ai le cœur Méditerranée et comme un besoin irrépressible de partager l’actualité culturelle qui suscite ma curiosité, réveille mes passions et qui, je crois, mérite le détour. D’où l’idée d’une gazette, c’est à dire un “ écrit périodique donnant des nouvelles politiques, littéraires, artistiques”. MAS + GAZETTE = MAZETTE ! Mais comme j’aime la solitude partagée, mazette ! fait appel à des complices éclairés pour enrichir la liste des envies !

LES COMPLICES

M.T. Outre sa passion pour les drones, M.T., avec un T comme « torpédo au fond des eaux », aime donner son avis, sans se la ramener. Journaliste de presse écrite, M.T. a depuis longtemps quitté les salles de rédac pour les sphères, pas très « hot » mais néanmoins haletantes, de la communication, sur un territoire qui foisonne. Alors, quand sur le chemin de son quotidien, elle rencontre mazette !, sa plume frétille et son encre coule. Quelques recos bien trempées par-ci par-là, histoire de donner du relief à tout ça.

A.L. Journaliste le jour, fêtarde la nuit ou l’inverse, pour qui Provence et Côte d’Azur riment aussi avec culture. A.L. est une insatiable curieuse et son expérience des soirées endiablées, d’échappées culturelles ou plutôt natures, gourmandes ou sportives en font notre complice des bons plans du coin. Son atout : écumer chaque recoin pour rencontrer des talents, dénicher de nouveaux lieux, voir, lire, apprendre pour transmettre ses découvertes, encore et toujours.



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